• -Otta-
    Solstafir

    Lorsqu’un esprit avance sur son chemin, sans s’abandonner, sans chuter, sans se remettre en question malgré les incessants obstacles jonchant le sol de la tortueuse route de la vie, il évolue indubitablement. Murir n’a jamais été une vérité psychologique, mais seulement l’aboutissement d’un Voyage Initiatique Spirituel avant tout personnel. Dans le monde des arts - surtout ceux de la musique, de la création plastique (sous toutes formes) et de la littérature – on ne peut fermer les yeux sur l’évolution de tous artistes confondus. Et Solstafir a atteint ce stade d’évolution où sa propre mue l’a transformé en une autre entité spirituelle. L’intimisme d’un leader dans un groupe aide grandement à sa richesse musicale – chose que Nightwish a bien comprit – Mais qu’en est-il de l’intimisme de tous les membres d’un groupe réunie en une œuvre musicale ? Solstafir faisait partie de ces groupes qui nous peignaient dans son passé des fabuleux paysages vikings, mais qui, avec leur dernier opus « Otta », regarde vers l’avant sous une atmosphère nouvelle. La folie d’antan n’est plus, laissant place aux questionnements des limbes du temps écorchant la vie de tous êtres. Ainsi, la mélancolie, la peur, l’évasion prend place au sein de Solstafir. Dans ce dernier opus, tous les éléments traités sur les morceaux sont liés à un même mot maître du jeu : « Otta » qui signifie en islandais « La peur », « La crainte », le tout mêlé à un ancien système de mesure du temps constituant une journée en huit étapes – Un album en huit morceaux.

    Dès le début, « Lagnaetti » démarre au plus calme, nous laissant le temps de nous immerger dans cette nouvelle atmosphère, ambiance glaciale. Car oui, « Lagnaetti » est un morceau glacial, évoquant la solitude, mais aussi la fraicheur matinale. Ce moment où la journée se réveille tout en restant sous le ciel nocturne. Pourtant, « Lagnaetti » s’accélère pour devenir une sorte d’apothéose, il finit par nous réchauffer, pour mieux nous introduire dans ce nouvel paysage musical islandais. Arrive la deuxième partie de la journée islandaise, « Otta », titre éponyme de l’album, mais aussi celui qui lie le désespoir évoqué sur les autres morceaux, et pour définir cela, les instruments jouent parfaitement leur rôle, entre un chant puissant tout en restant calme, exprimant la mélancolie, avec les échos lointains de violons accablant la tristesse, jusqu’à dessiner les brumes islandaises de la tristesse. Mais enfin, le jour se lève avec « Rismal », morceau très grave tout comme la désolation spirituel, la dépression exprimé en ce morceau. « Rismal » hurle sa ruine par de sonorités puissantes, étouffées et agressives, pourtant « Rismal » s’introduit dans un murmure silencieux, presque étouffé. Non, ce qui est agressif dans « Rismal » c’est la hurlante solitude interprétée par les puissants riffs de guitares faisant échos et réponses aux chants mélancoliques d’Addi. Le chanteur murmure, se lamente, et les guitares hurlent, et se lamentent aussi. Cette solitude se maintient avec la quatrième étape de la journée, « Dagmal », qui réchauffe l’île d’Islande par des sonorités plus rapides, puissantes, et un chant qui ne murmure plus, mais qui s’exclame en haut de la falaise bercée par la brume. La cinquième étape de la journée, « Middegi », s’assume encore plus, Addi hurle, et les instruments aussi. Tout se marie pour hurler la peine, les craintes et la souffrance. On veut se battre contre Otta. On veut continuer à avancer, et l’agressivité sonore de ce titre Post-rock fait trembler le chemin. « Non » annonce la fin de la journée islandaise. Le titre est plus long et plus soutenue, et la mélancolie perdure, la résonnance des précédents morceaux se tient mais elle s’adoucie. Puis enfin, la nuit tombe, la journée islandaise arrive bientôt à la fin, « Midaftann » nous l’illustre fabuleusement avec son introduction apaisante, nous laissant contempler le crépuscule islandais. Le soleil se couche, la bataille contre la mélancolie s’apaise. On murmure à nouveau, car on a pris conscience de certaines choses en nous. Et pourtant, la mélancolie perdure, encore et toujours, comme s’il s’agissait du reflet de notre ombre, ou alors, notre ombre elle-même. Le piano reflète cette sinistre mélancolie, mais il dessine une mélancolie plus adoucie, moins violente. Puisqu’Addi chante avec la mélancolie, est-il devenu lui-même la mélancolie ? Possible, son chant lointain est si puissant et calme qu’il exprime une tristesse assumée, intimiste, et cette fois-ci, les violons s’assument bien plus. Ils ne se cachent plus, ils sont en première ligne afin de nous affirmer qu’Otta règne encore en maître, et a pris possession de sa proie, à moins que cela ne soit l’inverse ?
    Enfin, la nuit est tombée… « Nattmal » nous plonge dans l’aveuglement de la nuit, on se sent encore plus perdu, et pourtant, on ne panique pas, on reste calme, posé, mais quelque chose a changé en nous. Ce morceau est le plus long de l’album, et le tout dernier, son apothéose. Il assemble tout ce qui a été évoqué, travaillé, traité tout au long de la journée. Le groupe s’assume enfin sur un chemin brumeux, au milieu de l’île. Quittant sa folie d’antan, il fixe l’horizon, à la recherche d’un but lui étant propre.

    « Otta » reste ainsi l’aboutissement d’une carrière sans en être sa fin. L’album tourne définitivement une nouvelle page pour le groupe, un nouveau chemin se dresse devant lui. A présent, les paysages de son Voyage Initiatique Spirituel lui permettent de vagabonder vers les contrées silencieuses où leurs hurlements de peines s’étoufferont dans les secrets de l’atmosphère mélancolique de l’île. Solstafir a su évoluer avec Otta, et une voie remplie de mélancolies, de désespoirs, de peurs et d’incertitudes. Qui donc peut savoir où ce chemin mènera le groupe ? Personne ni même Solstafir ne peut le savoir. Le groupe avait besoin de paysages où hurler sa peine, il ne nous reste alors qu’à le suivre au bout de ce voyage sinistre.

    Aðalbjörn Tryggvason :

    « Ces albums sont grosso-modo des albums d’amour. Ça parle de perdre des amis à cause de suicides, de drogues ou d’alcool. Ça parle de perdre des gens qu’on aime. Ça parle de trahir quelqu’un et de pardonner. Ce n’est pas très cool de dire que tu écris à propos de ce que tu traverses dans la vie, mais c’est en gros ce que nous faisons. Parfois même je n’aime pas parler de ces choses. Parfois, lorsque j’essaie de l’expliquer, ça sonne bizarre. Je n’écris pas beaucoup de paroles, j’écris uniquement lorsque je dois le faire. C’est donc très dur pour moi d’écrire des paroles. Et c’est donc encore plus dur pour moi de décrire de quoi elles parlent. »

    (Extrait de l’interview d’Addi sur le site Radio Metal )


    votre commentaire
  • … Une histoire d’enfant trop adulte, mais si rêveur :

    Il existe des rêves dont la réalisation demande des obstacles émotionnels atroces et merveilleux, il existe des contes dont écrire chaque mot de l'histoire nous arrache des larmes des yeux, il existe des voyages spirituels à réécrire et revivre par le biais de ces contes si forts émotionnellement qu’ils nous obligent à nous replonger dans notre passé le plus flou afin de soigner certains maux qui en proviennent, il existe des aventures romancées pour être contées mais romancées pour cacher l’intimité trop fragile du conteur – cette intimité qui a fait la force émotionnelle de l’aventure… Et l’histoire que je vais vous raconter est celle d’un poète et compositeur ayant réussi à écrire ce conte. Un conte rêvé, composé de ses poèmes, sa musique et ses images... « Imaginaerum » est le projet d’une vie, l’aboutissement d’une carrière musicale dorée et salie ; qui n’a pourtant pas encore fait son temps mais qui prouve qu’elle a atteint un stade où le poète a eu le temps de dire « cette fois-ci, le rêve sera réalisé, le conte sera narré ! » avant d’ouvrir le portail d’Imaginaerum.

    Enfance et Innocence :

    L’innocence et l’enfance sont les thèmes les plus récurrents chez Nightwish. Pour un groupe dont le concept des paroles se trouve dans la ligne de l’intimiste, ce n’est pas surprenant. Et malgré le passé du groupe digne d’une téléréalité à retrouver sur NRJ12 et d’une boutique de fringues capable de remplir les Galeries Lafayette de Rennes à elle toute seule, il ne faut pas négliger le fait qu'une âme de rêveur se retrouve toujours bien conservée au sein des membres du groupe, surtout en notre poète et compositeur Thuomas Holopainen. Si Thuomas est si proche de l’enfance et de l’innocence, ce n’est pas pour rien, bien que cela soit si difficile à cerner. En effet, ses histoires personnelles avec la toute première chanteuse du groupe (Tarja Turunen) le poussent à chercher l’innocence qu’il semble avoir perdu dans l’enfance. Car oui, qu’existe-t-il de plus innocent qu’un enfant ? Thuomas reste un enfant dans le corps d’un adulte afin de garder l’innocence vis-à-vis de son lourd passé partagé entre déceptions et amours perdus. Mais bon, ne nous attardons pas sur ces histoires sentimentales… Car depuis toujours, Thuomas a un rêve : écrire la musique d’un film, et ce film, c’est son histoire ; Imaginaerum.

    It’s Storytime :

    C’est l’heure d'une petite histoire, chers amis ! « Imaginaerum » est à la fois un album concept (sur Imaginaerum), un film, et un deuxième album sur la Bande Son du film : trois œuvres qui se complètent pour n’en former qu’une (et le plus drôle dans l’histoire, c’est que le film, étant le rêve absolu de Thuomas, est extrêmement difficile à acquérir alors qu'il est sorti depuis deux ans... Mais par contre, à côté de ça, vous pouvez vous procurer les t-shirts à l’effigie du futur album qui n’est pas prêt de sortir…)
    Imaginaerum raconte l’histoire de Tom, un musicien malade, âgé et sénile qui imagine un monde fabuleux dans lequel il se voit comme un enfant. Il voyage dans son monde imaginaire lorsqu’il s’endort et ses anciens rêves se mélangent au monde fantastique et musical du jeune garçon. Or, la fille du musicien, Gem, désire vivre comme avant avec son père et le guérir de ses maux. Pour cela, elle va tenter de découvrir les facettes de ce mystérieux monde imaginaire dans lequel il se retrouve plongé…
    Féerique, non ? C'est influencé à 200% par Tim Burton, et Thuomas ne s’en cache pas puisqu’il avoue que ce film (et la musique qui l’accompagne sur les deux albums) est un hommage à ce réalisateur et ses créations. Donc, pour les râleurs qui se plaindraient de n’y voir que du Burton : c’est normal ! Le groupe tout en entier –guidé par Thuomas- s’est glissé dans la peau du réalisateur pour créer l’univers du film. Certains membres du groupe jouent même les rôles de quelques personnages, et comme Thuomas s'est chargé du scénario, compte tenu ses influences cinématographiques, il n’est pas étonnant de voir qu’il ait d’abord pensé comme un compositeur et poète, et que le vrai réalisateur du film se soit seulement contenté de la mise en scène et des effets spéciaux. Donc non, Imaginaerum n’est pas un film entièrement créé par un réalisateur. Il s’agit d’un film pensé par un poète et musicien, mais tourné par un réalisateur. Un film d’auteur donc !

    Allez, sur ce, je vous laisse découvrir le fabuleux univers de ce vieux musicien bien malade. N’ayez crainte, ouvrez les portes d’Imaginaerum et laissez votre âme d’enfant s’envoler dans ce monde féerique où seuls vos rêves sont les limites de votre imagination façonnant les piliers de ce monde… It’s storytime !

     


    votre commentaire
  • Avantasia - L'opéra Metal

    Avantasia : L’aube d’un rêve, la naissance d’un monde

    Il était une fois, en 1602 après J.-C., en une belle matinée sur les toits chaleureux et silencieux de la ville de Mayence, le commencement d'une grande et fabuleuse histoire…

    …Et cette fois-ci, ce n’est pas moi qui vous la raconterai. Oh que non, chers amis ! Car Tobias Sammet s’en est déjà chargé, et ce il y a plus de 14 ans…

    Néanmoins, la véritable histoire que je vais vous raconter commence en 1999, en pleine tournée européenne du groupe de Speed Heavy Metal allemand Edguy, pour la promotion de leur album Theater of Salvation. C’est lors des voyages dans leur bus de tournée que Tobias Sammet (chanteur, compositeur, producteur du groupe), en se souvenant des précédents albums d’Edguy enregistrés avec des invités et des excellents moments passés avec eux, eut alors la fabuleuse idée de créer son projet solo basé sur son propre monde féerique : Avantasia était né ! Très rapidement, pendant que les autres membres d’Edguy décuvaient durant les longs trajets en bus de la tournée, Tobias écrivait, comme tous bons conteurs sur ses feuilles, les prémices d’une fantastique et longue aventure sur les terres magiques d’Avantasia.

    Opera Metal : Le mariage de la Féerie, du Théâtre et du Heavy Metal

    Car oui, ce premier opus d'Avantasia est bien un album concept – plus précisément un Opera Metal – dans lequel une histoire est racontée de deux façons : D’abord, Tobias s’occupe de la narration, toujours comme un conteur, de façon à ce que l’auditeur devienne lecteur et spectateur, exactement dans la même veine que Rhapsody. Puis, Tobias écrit les paroles des chansons sans narrer (à l’inverse de Rhapsody qui accentue le suspens de leur saga par le biais de textes sombres ou joyeux selon les circonstances de l’histoire). Non, là, ce sont les personnages de l’histoire eux-mêmes qui, en exprimant leurs sentiments et discutant entre eux, permettent l’écriture des paroles. Chaque morceau constitue une scène, et une série de trois ou quatre morceaux forme à son tour un acte ; un album composant une partie de l’Opera Metal qui lui même est divisé en deux (The Metal Opera, 2000, et The Metal Opera II, 2001). Et pour accentuer la mise en scène Tobias a, comme promis, pensé à l’essentiel : Les invités ! Et oui, car Avantasia met en scène plusieurs chanteurs dont chacun joue le rôle d’un protagoniste de l’histoire en chantant les couplets respectifs des personnages qu’ils incarnent. Et parmi ces fameux invités, Tobias ne s’est pas contenté d’un simple petit monde, oh que non ! On retrouve parmi eux des chanteurs réputés dans le monde du Heavy Metal, voyez donc cela : Tobias Sammet (EDGUY – Papa d’Avantasia) dans le rôle du héros de son histoire nommé Gabriel ; Sharon Den Adel (WITHIN TEMPTATION) dans le rôle d’Anna Held ; André Matos (ANGRA) dans le rôle d’Elderane ; Kai Hansen (HELLOWEEN) dans le rôle de Regrin ; Les frères Alex et Oliver Holzwarth (BLIND GARDIAN – RHAPSODY)… Bref, je m’arrête là, car ça va encore très loin, croyez-moi ! Et je ne vous parle pas de la deuxième partie dans laquelle on y trouve de nouvelles têtes !

    Mayence, 1602 après J-C…

    Bon, une fois n’est pas coutume, je vais être sympa avec vous et reprendre mon rôle de conteur d’histoires, afin vous donner un aperçu du synopsis de l’histoire racontée par Tobias :

    Mayence, 1602 après J-C…

    Il était une fois, un jeune apprenti chez les moines de Mayence nommé Gabriel Laymann qui revenait du Monastère dans lequel il venait de libérer du Démon qui était en elle, une âme perdue (enfin, « libérer », je veux dire : « Libérer par le feu »). Un beau matin, son mentor, Jakob, l’envoie dans la tour des sorcières pour faire connaissance avec une autre victime des perfidies du Diable afin de la délivrer elle aussi, mais là, c’est le choc : Sa nouvelle « cliente » se trouve être sa propre sœur, Anna, qu’il avait perdu de vue depuis une dizaine d’années…

    A partir de là, je ne vous le cache pas, c’est la catastrophe pour notre pauvre apprenti…

    Ne pouvant accepter le fait que sa propre sœur soit possédée par le démon, il mène sa propre enquête et demande à Jakob de l’aider à sauver Anna. Mais sa poisse ne s’arrête pas là, car au moment où Gabriel entre dans la bibliothèque pour demander de l’aide à Jakob, celui-ci, surpris, jette un mystérieux livre derrière son siège. Après un rapide échange entre les deux hommes, Jakob quitte la bibliothèque et Gabriel trouve le livre que son mentor venait d’essayer de cacher, et là, c’est le choc (encore !) : Un livre païen !

    Mais la déveine de notre jeune héros ne s’arrête toujours pas là (Parfois, je m’identifie en lui, ne me demandez pas pourquoi…) car Gabriel est repéré avec le livre païen dans les mains : Damnation !!

    Inutile de vous expliquer la gravité de la situation, car à cette sombre époque, qu’un moine soit en possession d’un livre païen… et bien on imagine aisément que notre pauvre héros risque d’avoir chaud aux fesses (Et c’est peu de le dire…). Du coup, sans surprise, accusé d’hérésie, Gabriel est envoyé en prison. Dans sa cellule, il fait la connaissance du dernier druide païen, Lugaïd, qui lui avoue être un des sept anges du monde fabuleux d’Avantasia. Celui-ci l’aide à s’évader pour sauver Anna, mais en échange, il doit sauver Avantasia d’une lourde menace : Le Pape lui-même tente d’entrer dans ce monde féerique afin d’y trouver une certaine Vérité Absolue. Le hic ? Eh bien, si le Pape parvient à acquérir cette Vérité Absolue, il détruit Avantasia, comprenez donc la situation est quelque peu délicate, non ? Aidé par le druide, Gabriel se retrouve propulsé dans ce monde fantastique afin d’y vivre mille et une péripéties que l’on découvre à travers les deux albums de l’Opera Metal.

    C’est ainsi que commence l’histoire. Mais cette fois-ci, étant donné que Tobias est mieux placé pour raconter ses propres histoires, je vous laisse plonger vous-même dans son monde, moi, je me charge d’Alphasia, c’est déjà assez de boulot comme ça pour que je me mette en plus deux mondes sur les épaules… Quoique, avec ces théories de mondes parallèles…

    Oh non…

    Avantasia - L'opéra Metal


    votre commentaire
  • Voilà plus d’une dizaine d’années que l’on attendait un album de la trempe de « Dark Wings of Steel », c’est-à-dire, un album principalement signé de la patte d’Alex Staropoli. En effet, depuis la scission du duo italien légendaire en 2012 après un « From Chaos to Eternity » clouant avec succès la Saga du Sombre Secret, nous avions été beaucoup à nous demander quel serait l’avenir de Rhapsody (of fire) avec à ses commandes ce mystérieux et discret comparse de notre très cher Luca Turilli. Il aura fallu attendre novembre 2013 pour que le groupe, avec un tout nouveau line-up, sorte son artillerie un an et demi après la tuerie du Rhapsody de Luca. Mais bon, ne prenons pas le risque à comparer les deux albums, car cela relève de la pire erreur qui soit !

    Rhapsody a toujours su faire évoluer sa musique, chacun des albums des deux sagas a toujours été une surprise, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Mais néanmoins, la surprise et l’évolution mais partie de l’identité même du groupe. Mais lorsqu’est survenu la scission du groupe, le choc a été rude pour les fans ! Côté Luca, on ne s’inquiétait guère, car ses anciens projets solos nous donnaient déjà quelques idées de l’avenir de sa carrière. Mais côté Alex, ben, on n’avait pas grand-chose, pour ne pas dire « rien » ! Du coup, ce fut la surprise et curiosité totale lorsque Rhapsody (of fire) avait annoncé la sortie de « Dark Wings of Steel ». Et, pour la première fois dans l’histoire du groupe, jamais les fans ne furent si mitigés… Et le groupe si décevant ! Tout d’abord, un affreux problème de communication de la part du groupe pour l’annonce de l’album. D’habitude, la plupart des groupes écrivent un pavé pour annoncer la future sortie de leur prochain album, et bien, avec Rhapsody, on peut dire qu’il ne se fatigue pas, l’annonce ne tient à peine sur trois lignes… Et cela ne s’arrange pas le jour de la sortie de l’album, le groupe se contente seulement de dire « Cet album existe, et il sort aujourd’hui ! ». A ce demander si eux-mêmes avaient vraiment l’envie que leurs fans écoutent leur nouveau petit…

    Ne nous attardons pas là, car il faut le dire, le groupe n’a jamais était très doué niveau communication, mais alors qu’en est-il de l’album ?

    Tout heureux d’écouter le travail d’Alex, je me lance dès le jour de sa sortie dans l’écoute de « Dark Wings of Steel » (NB : Au fait, rien qu’au titre de l’album, on voit avec qui le groupe a longuement trainé à ses débuts…). L’intro est sympathique, timide mais elle nous propose une atmosphère assez inquiétante, voir angoissante, le groupe a fait mieux, mais j’ai connu pire. Ainsi arrive d’un coup « Rising From Tragique Flames », le morceau qui fait très Rhapsody, rien ne change par rapport à ce que le groupe a déjà fait. Il reste correct mais y persiste une ennuyeuse impression de déjà entendu. Certains chroniqueurs avaient déclaré que l’intro de ce morceau était presque le même que « Dawn of Victory », mais personnellement, cela ne m’a pas sauté aux yeux, c’est surtout le refrain qui m’a fait « tilt ». Oui, il est, selon moi, la pâle copie du refrain de « Unholy Warcry ». Bref, rien de nouveau ici, mais le morceau reste sympathique à écouter, trop fidèle au groupe mais bien orchestré, et avec des idées adorables. Arrive ensuite « Angel of Light », franchement, ce morceau me laisse dubitatif. D’un côté, le groupe continue à être ce qu’il est, et a toujours été, là aussi, rien d’innovant, rien de surprenant, le morceau en devient même très prévisible jusqu’à en devenir un prélude vers l’ennui sans vraiment devenir un morceau ennuyeux. En fait, le morceau en lui-même n’est pas mauvais, mais il joue le rôle de pause malgré les riffs de guitare qui ne sont pas si puissant que le morceau précédent. Il tient bien la route, mais zigzague entre le bord et le centre de cette même route. Bref, c’est après ce genre de morceau que l’on attend une bonne claque après, car Rhapsody a toujours été très doué pour équilibrer ses albums… Mais là, c’est le drame ! Dès le quatrième morceau, je regarde sur mon itunes pour voir où j’en suis dans l’album tellement je m’ennuis sur « Tears of Pain », et je m’inquiète grandement car ce morceau, par son concept, surpasse les limites du cliché, et sur sa construction musical, brise la gloire passée du groupe tellement il est désagréable à l’écoute. Ce n’est pas difficile, quand on écoute « Tears of Pain », on a l’impression que le groupe a réuni toutes les pistes implacables dans les autres morceaux pour en faire une chanson bordélique à souhait ! Oui, ce morceau est une tragique déception qui porte bien son nom, car il a réussi à m’en faire tirer des larmes de douleur… Mais par chance, « Fly to the Crystal Skies » arrive pour remonter un peu la pente. Sans être un chef-d’œuvre ni un morceau débordant d’énergie, « Fly to the Crystal Skies » parvient à nous livrer un sentiment d’élévation qui correspond magnifiquement bien au concept même du morceau. Ça nous redonne de l’espoir pour la suite de l’album, du moins, c’est ce que je pensais lors de ma première écoute…

    Car arrive le morceau maudit, « My Sacrifice ». Seigneurs ! Jamais je ne me suis autant ennuyé à l’écoute d’un morceau de Rhapsody. Il s’agit du morceau le plus long de l’album, et Dieux savent que cela aurait largement suffit qu’il ne dure que la moitié de son temps. Car oui, « My Sacrifice » est probablement le pire morceau de l’histoire du groupe, après l’élévation aux cieux du morceau précédent, la chute est rude ! L’acoustique est trop longue et tellement répétitive que l’on en vient à fuir ce morceau qui finit par devenir tâche sur l’album… Mais heureusement, « Silver Lake of Tears » arrive en force pour nous réveiller, et cela fait vraiment du bien. Ce morceau a le mérite d’être le plus énergique, le plus puissant et le plus accomplit de l’album. Même si j’aurais préféré que Fabio chante avec un peu plus de puissance et violence comme dans « Reign of Terror », le morceau reste vraiment très agréable à l’écoute. S’en suit la ballade italienne classique « Custode di Pace ». Alors très sincèrement, je reste partagé vis-à-vis de ce morceau, comme « Angel of Light ». Le morceau n’est ni mauvais ni bon, il est… normal pour du Rhapsody. Pour vous faire une idée, je préfère largement « Custode di Pace » à « Anima Perdita », c’est déjà ça. « A Tale of Magic » nous propose des riffs intéressants et très entraineurs, ce morceau et puissant, énergique et agréable à l’écoute. Ça reste du power basique mais du bon power, sans plus. C’est alors qu’arrive le titre éponyme de l’album, « Dark Wings of Steel ». Pour ce morceau, Alex avait avoué qu’il représentait le mieux l’album au niveau musical. Et il n’a pas tort, car ce morceau est partagé entre la réussite et l’ennui, ce qui l’amène à un certain désordre. Loin d’être mauvais, j’ai ce ressentie que ce morceau n’est pas aboutie, il lui manque quelque chose. Probablement à cause du fait qu’il reste toujours sur le même ton et en devient facilement prévisible, trop d’éléments que le groupe a déjà travaillés se retrouvent sur ce morceau. Il n’a rien de surprenant, et je crois que c’est en cela qu’il définit bien l’album, mais ça, j’y viendrais un peu plus tard. Car vient le moment du morceau final, le chef-d’œuvre de l’album, j’ai nommé le fabuleux « Sad Mystic Moon ». Ce morceau en mid-tempo se révèle comme très poétique et mystique à la fois. Une sublime conclusion pour l’album. Le refrain est fabuleux, puissant et mélodique avec des chœurs fantastiques bien mieux réussi que sur le reste de l’album.

    A présent, passons au concept même de l’album. En effet, autre que la musique, Rhapsody avait cette force de donner vie à des histoires clichés en grandes épopées fantastiques grâce à la puissance cinématographie et théâtrale de sa musique. Or, « Dark Wings of Steel » brise la tradition… Adieu les contes de fées, les sagas épiques, car « Dark Wings of Steel » n’a rien à raconter. Alex expliqué que le fait de travailler sur une nouvelle histoire ou un concept lui demandait encore plus de travail, et qu’il a laissé la peine de l’écriture des paroles pour le chanteur Fabio. Au moins, sans concept, cela laissera aux fans d’interpréter les morceaux comme bon leur semble. Tristesse pour nous et fainéantise pour le groupe… Moi qui avait toujours eu cette joie de traduire les paroles des leurs précédents pour voir leurs histoires évoluer, imaginez donc ma déception lors de la traduction de « Dark Wings of Steel », ce n’est pas difficile : Les morceaux n’ont vraiment rien à raconter, c’est à se demander comment Fabio a-t-il fait pour écrire sans avoir quoique ce soit à dire. A peine la moitié des morceaux ont leurs sens, le reste, ça fait très remplissage, quelle tragique déception…

    Car oui, Alex m’a au final grandement déçu sur cet album. Dans la plupart de ces interviews, il a toujours fait comprendre qu’il ne voulait pas se fatiguer à se creuser la tête pour ses créations, mais sérieusement, quelle honte ! S’il ne veut pas se creuser la tête un minimum pour donner vie à chacun de ses morceaux, je trouve ça tellement triste après plus de 20 ans de carrière. Alex a toujours été bon pour la composition musical, et l’on sait tous qu’il reste assez réservé concernant l’idée de concept, mais s’il se sent incapable d’approfondir l’âme de sa musique, il n’a qu’à demander aux autres membres du groupe de l’aider. Ce qu’il avait fait d’ailleurs, mais bien trop tard. Fabio devait se charger de l’écriture des paroles, mais Alex lui confia la mission trop tard. Je suis désolé, mais on n’écrit pas des textes en les chantant en même temps en moins de deux semaines !! (C’est le temps qui restait à Fabio pour finir l’enregistrement de l’album). Ça m’a tellement déçu que j’en suis fâché envers Alex.

    Alors, que peut-on en conclure. Eh bien, en soi, l’album n’est pas mauvais, mais non très bon. Il est un album de Heavy Power classique, mais par un groupe qui a le talent de faire largement mieux. Après, il est vrai qu’avec le changement de line-up, beaucoup de choses ont changés avec Rhapsody et c’est probablement cela qui a déstabilisé le groupe. Je pense que « Dark Wings of Steel » a été surtout réalisé pour voir comment leur nouvelle aventure avec AFM Record (leur nouveau label) pouvait commencer, et aussi de découvrir comment ils pouvaient fonctionner avec un tout nouveau line-up. « Dark Wings of Steel » a en quelque sorte joué le rôle de « test » pour la nouvelle voie dans laquelle le groupe s’est engagé. L’album possède de très bons éléments tout comme des ratés. Il n’est pas à négliger, il constitue, selon moi, à une porte ouverte vers un nouveau chemin, un prologue vers une identité nouvelle pour le groupe. J’aime cet album tout comme je ne l’aime pas. Mais je ne le rejette pas non plus car il reste intéressant à l’écoute, les bons morceaux comme « Silver Lake of Tears », « Fly to the Crystal Skies », « A Tale of Magic » et « Sad Mystic Moon » sont toujours aussi efficaces, ils ne se meurent pas, et c’est cela la magie de Rhapsody qui, malgré les bas et les échecs, permet à sa musique de rester toujours aussi vivante en nous. Les grandes légendes s’élèvent, et s’effondrent, indubitablement. Rhapsody s’est hautement élevé par son passé, mais avec cet album, il regarde vers le bas, tout en restant en haut. Il ne reste plus qu’à attendre ce que l’avenir leur réserve…

     

     

     

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique