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    Chapitre III :

    La princesse, le prophète, le dragon, le chien et la pierre

     

    « Trois, ils étaient,

    Lui, ils recherchaient,

    Lui, les guideront…

     

    Nous avons traversé le portail…

     

    Les appels de l’enfer,

    Nos pieds sur ces terres inconnues,

    Les temps s’entrechoquent,

    Ma plume danse encore,

    Le feu et l’eau se déchaînent,

    Sa grâce nous sauvera ! »

     

    En face du portail Atlas Millenius, le portail des mondes, son fondateur, Braltaly, se présenta à nous. Il semblait avoir bien entendu notre conversation concernant Drakira. Oui, chers amis. Ce fut bien Braltaly, la Légende Disparue, le dragon maudit enfermé dans le corps d’un homme, qui fut là devant nous. Lui et moi sommes de bons amis et il ne vient qu’à Lacrimatica qu’uniquement lorsqu’il y sent l’aventure se préparer. Autant dire qu’il arrive vraiment toujours au bon moment. Braltaly a mis fin à la Septième Grande Apocalypse, il y a cinq siècle. Ce dragon maudit est sans doute la créature la plus reconnue en Alphasia. Mais aussi la plus crainte par le mal, et les dieux… Mais bon, revenir sur l’identité de ce dragon maudit est bien inutile ici.

     

    Le portail ouvert, le titanesque dragon de cristal blanc fit tourner les pages du Livre des Lois des Mondes, et le flash jaillit. Plongés à travers le tunnel lumineux du portail, nous traversons sans nous en rendre compte les milliards d’étoiles qui nous surveillent chaque nuit, et ce n’est qu’en l’espace de quelques instants, que nous fumes arrivés au bord d’un étang, déjà dans l’autre monde.

     

    « Bienvenue dans ce monde de lumière,

    Où les dieux chantent avec les hommes,

    Où la lumière y est aussi perpétuée,

    Mais où les ténèbres y ont aussi trouvé leur place ! »

     

    Rien que par les chants de l’étang, Ydëlah savait où nous nous trouvions. Il s’agit de l’étang de Ralke. Ralke étant un petit village assez éloigné de la région de Mylébor, au Sud-Ouest du Continent Sud. Dès lors, sachant ainsi qu’un village était tout proche, Braltaly ne put s’empêcher de nous inviter (Inviter, je veux dire, nous y mener de force sans qu’il puisse payer notre part, bien entendu) à la taverne afin de faire un point sur notre quête.

    Et ainsi, marchants à travers les hautes herbes des plaines sans fins, nous discutions de tout ce qui pouvait être parlé. Mais notre longue conversation se portait surtout sur la nature, ces contrées verdoyantes qui nous entouraient, et de notre amour pour Mère Nature. Nos derniers malheurs avaient été volés par les Vents du Destin, ainsi, nous fûmes entièrement emportés par les tendres murmures de mère Nature qui priait pour le salut de notre quête.

     

    Arrivé à Ralke, Braltaly s’absenta pour faire un tour à l’armurerie. Pendant ce temps, Moi, Ydëlah et Zaphiro étions parti trouver une bonne taverne. Traversant le village, nous ne pouvions négliger la bonne humeur des villageois qui régnait. En cette heure de fin de marché, bon nombre de personnes étaient encore dans les rues malgré l’approche de midi. Zaphiro éprouvait grandes difficultés à quitter le boucher de sa vue, Ydëlah, se fut autre chose pour les bijoux où elle se devait d’essayer chaque bague, collier, bracelet et barrette avec des yeux aussi brillant que mille diamants. Quant à moi, je fus ennuyé de savoir que les musiciens ne jouaient plus en cette heure de la journée, mais je fus attiré par une belle dague d’un vendeur quelque peu malin :

     

    -Alors jeunot ! Alléché par cette beauté fatale ?

    -En effet, cette lame possède un manche bien original.

    -Da ! C’est la reproduction exacte d’une épée de ce conte légendaire tournant autour d’un anneau runique !

    -C’est bien ce que je vois ! Et, elle est décorative ou…

    -Que nenni ! Mon gaillard ! Cette furie couperait la main d’un ogre comme du fromage !

    -Ah ! Et vous la faites à combien ?

    -35 pièces d’or !

    -Ah… Ouais…

    -Elle reste une réplique fidèle ! Croyez-moi, ces trucs là,  ce n’est pas pour les débutants comme vous !

     

    Peu après, nous buvions une chope de bière à la taverne comme convenu. Ydëlah en était déjà à sa troisième tandis que je contemplais ma nouvelle dague. Zaphiro dessinait en mangeant son os. Puis, Braltaly arriva enfin. S’installant à notre table après avoir commandé quelques bières pour lui seul, il posa ses pieds sur la table et  alluma son tabac. Autour de nous, un quart des aventuriers présents étaient déjà ivres mort tandis que la plupart des autres riaient et contaient les péripéties sans vraiment savoir si elles étaient véridiques et fictives. En bref, il s’agissait d’une ambiance plutôt calme et banale pour une taverne où le soir était sujet à, bien souvent, une toute autre ambiance :

     

    -Braltaly : Oh ! Jeune prophète, fais-moi voir cette curieuse dague que tu tiens ?

    -Je viens de l’acheter à un marchand. C’est une excellente réplique d’une épée provenant d’un célèbre conte épique.

    -Braltaly : Ah ! Plutôt jolie morceau pour une arme de collection !

    -Euh… Ce n’est pas une arme de collection. C’est une vraie dague !

    -Braltaly : Ah… Euh…

     

    Braltaly resta muet un instant, puis souri :

     

    -Braltaly : Oh non… Pauvre ami ! Tu es descendu bien bas !

    -Ydëlah : C’est bien ce que je pense aussi !

    -Pardon ?

    -Ydëlah : Tu ne pensais tout de même pas te battre avec ça ?

    -Braltaly : Ecoutes, jeune prophète ! Tu t’es divinement bien fait arnaqué ! N’as-tu pas remarqué que cette dague n’était pas limée ? N’as-tu pas vu ces deux traces de rouille ? N’as-tu pas senti à quel point elle était légère ? N’as-tu pas vu ces quelques imperfections qui hantent cette malheureuse dague ? Parmi tous les naïfs que j’ai rencontré lors de mes six siècles d’existence, je n’en ai jamais vu un pire que toi mon ami…

    -Mais… Mais… Le type avait l’air sérieux !

    -Ydëlah : En même temps, je pense qu’il éviterait de faire autrement pour avoir ses clients !

    -Braltaly : Regarde ! J’arrive même à dévisser le manche ! C’est trop drôle !

    -Ydëlah : Même moi, rien qu’en regardant à peine les épées, je sentais déjà que quelque chose clochait !

    -35 pièces d’or… En l’air !

    -Braltaly : Avec une telle somme tu aurais pu au moins t’avaler presque une centaine de chope de bière !

     

    Tout à coup, ce fut le choc qui initia véritablement notre aventure : Zaphiro couina brutalement et s’écroula au sol. Prit par la panique et l’inquiétude, je me précipitai vers mon ami et le prit aussitôt dans mes bras. Le pauvre chien respirait fortement et rapidement, mais restait encore inconscient. Son corps était brûlant, Ydêlah se pressa pour chercher de l’eau froide et moi, je ne pouvais que rester impuissant face à mon fidèle ami perdu dans cette confusion étrangère. Braltaly ordonna impérativement au patron de la taverne de nous mener à une écurie vide afin que nous soyons seuls dans le calme. La princesse arriva affolée avec l’eau froide qu’elle versa doucement sur le corps du chien brûlant de plus en plus. Lentement, l’eau froide semblait faire son effet et la respiration de Zaphiro ralentissait doucement. Encore inconscient, je le porti dans mes bras et l’emmena avec Ydëlah dans l’écurie que nous avions réservé. Pendant ce temps, Braltaly buvait ce qui restait de nos bières pour nous rejoindre un peu plus tard…

    Peu après, Zaphiro ouvrit lentement les yeux, j’en étais tellement heureux. Ydëlah aussi fut soulagé, mais Braltaly restait sans expression. Ravalant sa salive, le pauvre chien divin a faiblement dit : « C’était horrible… ». Dès lors, Ydëlah le questionna sur ce qu’il aurait vu de si horrible et après un court silence, Zaphiro s’expliqua…

     

    Tout allait bien dans la taverne, Zaphiro terminait tranquillement son os quand tout à coup, ce fut le choc, telle la foudre qui frappe l’arbre, puis le noir total. Dans ces étranges ténèbres, Zaphiro entendit une voix faible, lourde, pesante, souffrante, et tellement effrayante. Et là, lentement, une ombre apparut en face de lui, ce fut celle de Drakira. Le grand dragon rouge de la justice était meurtri par mille blessures qui saignaient depuis une éternité, le pauvre chien était terrifié par cette vision. Et peu à peu, les flammes infernales impies rattrapèrent l’ombre du dragon maudit, elles étaient si ardentes qu’elles brulaient même le pauvre corps du chien tremblant. Là, le grand dragon, sentant les flammes de l’Enfer le chercher, confia à Zaphiro qu’il serait à présent le réceptacle de son ombre à condition que le pauvre chien ne l’accepte. Et Zaphiro accepta… Drakira avait compris que nous étions en quête de sa libération et avait donc choisit Zaphiro comme porteur de son ombre qui devait sans doute nous guider dans notre quête.

     

    L’âme de Drakira est toujours autant torturée par l’ignoble démon Numukar. Le corps du dragon rouge est enterré au Nord du continent de glace de Frigiast, à Alphasia. Et son ombre, envoyée par l’âme du dragon, transmet ainsi à Zaphiro le lieu où se situe Aenir, dont les Volinars exploitent sa puissance pour étendre leur pouvoir sur la légendaire forêt de Mylébor…

     

    Ce soir-là, nous étions la princesse, le prophète, le dragon et le chien en quête de la pierre…

     


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  • Erxalion:

    "Tout monde a une partie de son histoire qui le perturbera éternellement. Et malheureusement, il s'agit toujours des guerres. Alphasia aussi n'échappe pas à cette rêgle. Il y a toujours une guerre en particulier, parmi tant d'autres, qui choque plus les âmes. Ces guerres impliquent toujours le crime contre l'humanité, comme vous le dites si bien dans votre monde, mais à Alphasia, l'homme est allé encore bien trop loin, il s'agit de l'un des rares mondes où l'on parle de crime contre le divin. J'ai vécu moi-même cette terrifiante guerre à Alphasia, je vous dévoilerai tout dans ce recueil..."



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  • Erxalion:

    "Alphasia est un monde fantastique. Où hommes, dragons, elfes, chevaux, oiseaux, magiciens, et bien d'autres créatures, vivent en harmonie, ou en pleine guerre totale, comme tout monde. Dans ce monde, seule la liberté absolue règne, il n'y a point de race gouvernante malgré celles qui prétendant l'être. Moi, Erxalion, y vis. Chaque jour, je vois Alphasia vivre, et mourir. Ce recueil vous présentera mon monde tel qu'il est de nos jours. Va, lecteur, plonge à travers les murmures d'Alphasia, vole avec les Vents du Destin et respire ta liberté."

     

     


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